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“Élissa, s’étant longtemps détournée de son frère [le roi Pygmalion] à cause du crime [l’assasinat d’Acherbas, son mari, dont Pygmalion convoitait les richesses], ayant à la fin dissimulé sa haine et composé pendant ce temps son visage, prépare sa fuite sans rien dire, s’étant associée des princes dont elle pensait qu’ils avaient la même haine pour le roi et le même désir de fuite.

[Elle fait savoir à son frère qu’elle souhaite quitter la maison dans laquelle elle a vécu avec Acherbas pour venir s’établir avec lui dans le palais. Espérant enfin mettre la main sur le trésor caché d’Acherbas, il lui adresse des envoyés.]

Au crépuscule, Élissa place sur des navires les hommes chargés par le roi de son transport avec toutes ses richesses, et arrivée au large, elle les oblige à jeter à la mer des fardeaux — de sable, à la place de l’argent — enveloppés dans des bâches [leur faisant croire qu’elle fait cela en signe de deuil]. Puis, elle s’adresse aux hommes du roi. […] Pour eux, qui avaient soustrait à la cupidité du tyran les richesses d’Acherbas […] c’était d’amères tortures et de cruels supplices qui les menaçaient. Une fois cette peur jetée en eux tous, elle les prend comme compagnons de sa fuite. Il s’y joint aussi les colonnes de notables préparées pour cette nuit, et après avoir ofert un sacifice à Hercule dont Acherbas avait été le prêtre, ils cherchent un lieu pour leur exil.

[Ils font escale à Chypre où se joignent à eux le prêtre de Zeus et sa famille ainsi que quatre-vingt jeunes femmes qui, épousant les jeunes compagnons d’Élissa, aideront à fonder la ville nouvelle.]

Ainsi Élissa, transportée dans le golfe de l’Afrique, sollicite l’amitié des habitants de cet endroit, qui se réjouissent de l’arrivée d’étrangers et du commerce de biens d’échange. Ensuite, ayant acheté l’emplacement qui pourrait être couvert par une peau de bœuf, emplacement sur lequel elle pourrait refaire les forces de ses compagnons épuisés par une longue navigation jusqu’à ce qu’elle s’en aille, elle ordonne de découper la peau en très fines lanières et, ainsi, s’empare d’un espace plus grand que celui qu’elle avait demandé ; de là vient que, par la suite, on donna à ce lieu le nom de Byrsa.”

 

Aida Muluneh The more loving one (Part One), 2016

 

“Elissa long entertains a hatred to her brother [King Pygmalion] for his crime [Pygmalion’s murder of her husband Acerbas, whose riches he coveted] but at last, dissembling her detestation, and assuming mild looks for the time, she secretly contrives a mode of flight, admitting into her confidence some of the leading men of the city, in whom she sees that there is a similar hatred of the king, and an equal desire to escape.

[Elissa lets her brother know that she wishes to leave the house where she lived with Acerbas to  move in his palace. Hoping to, at last, put his hand on Acerbas hidden treasure, he sends his envoys to help her move.]

In the early part of the evening, Elissa puts the attendants sent by the king to assist in her removal with all her riches on board some vessels, and sailing out into the deep, she makes them throw into the sea some loads — of sand as if it was money — put up in sacks [making them believe that this is an act of mourning].  Next she addresses the king’s attendants. […] Cruel torments and a direful end awaits them, for having disappointed the tyrant’s avarice of Acerbas’ riches. Having thus struck terror into them all, she takes them with her as companions of her flight. Some bodies of senators, too, who were ready against that night, come to join her, and having offered a sacrifice to Hercules, whose priest Acerbas had been, they proceed to seek a settlement in exile.

[They stop in Cyprus where they are joinde by Zeus’ priest and his family as well as eighty young women who, marriying Elissa’s young warriors will help found the new city.]

Elissa, arriving in a gulf of Africa, attaches to her interest the inhabitants of the coast, who rejoice at the arrival of foreigners and the opportunity of bartering commodities with them. Having then bargained for a piece of ground, as much as can be covered with an ox-hide, where she may refresh her companions who are wearied with their long voyage, until she could conveniently resume her progress, she directs the hide to be cut into the thinnest possible strips, and thus acquires a greater portion of ground than she has apparently demanded; whence the place had afterwards the name of Byrsa.”

 

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[Élissa, princesse phénicienne, est aussi connue sous le nom de Didon, fondatrice et reine de Carthage • Elissa, a Phoenician princess, is also known as Dido, founder and queen of Carthage.]

Justin (IIe siècle / c. 2nd century),  Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée, XVIII, 4.1 sqq

Aida Muluneh (1974-),The more loving one (Part One), 2016

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