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“Ressusciter dans la langue grecque qu’utilisent les évangélistes, c’est réveiller, c’est relever. Ce sont des verbes de la vie courante qui expriment la résurrection dans notre quotidien. Cela s’adresse en tout premier lieu aux contemporains de Jésus, qui vivotaient au lieu d’exister.

Raconter la résurrection de Jésus c’est mettre en scène le réveil du désir de vivre chez ceux qui étaient noyés dans une ambiance mortelle. Les récits de Pâques disent la possibilité de retrouver du sens lorsque la vie semble n’être que chaos. «Dieu» désigne alors tout ce qui nous permet, aujourd’hui encore, de sortir de nos torpeurs, tout ce qui nous permet de devenir un peu plus vivants, un peu plus humains, d’exister à nouveau.

Ce qui est surnaturel, à Pâques, c’est que les histoires personnelles peuvent trouver un nouvel élan alors qu’elles semblaient épuisées de manière inexorable. Le deuil d’un être cher peut être traversé. Un échec peut être l’occasion d’un nouveau départ. On peut se réveiller de nos cauchemars. On peut être relevé de ce qui nous accable. On peut se relever d’un licenciement abusif. Nous pouvons être fautifs, avoir trahi et, néanmoins, être pardonnés. Une crise politique majeure peut être surmontée. Une conscience citoyenne peut ressusciter. Tout cela et bien d’autres choses encore sont possibles parce que le fondement de notre vie est toujours susceptible d’être libéré des entraves du moment.

Lorsque nous manquons de rites qui nous permettent de faire face à nos deuils, qui nous permettent d’affronter les impasses dans lesquelles nous nous condamnons à demeurer, Pâques peut constituer un patrimoine dans lequel il est possible de puiser les éléments nécessaires pour reprendre pied dans une histoire qui est en train de nous échapper.

Derrière le mythe de Pâques sommeille cette grande vérité qui nous concerne tous: il est possible de vaincre ce qui rend le quotidien mortel. Sans avoir besoin de nous affilier à une religion particulière, Pâques peut être une fête pour porter notre vie à son incandescence.”

 

 

“To be resurrected in the Greek language used by the evangelists is to awaken, to rise. They are everyday verbs that express the resurrection in our daily lives. This is addressed in the first place to the contemporaries of Jesus, who lived instead of existing.

To recount the resurrection of Jesus is to stage the awakening of the desire to live in those who were drowned in a mortal atmosphere. Easter stories tell the possibility of finding meaning when life seems to be chaos. «God» then refers to everything that allows us, even today, to come out of our torpors, everything that allows us to become a little more alive, a little more human, to exist again.

What is supernatural at Easter is that personal stories can find new momentum when they seemed inexorably exhausted. The grief of a loved one can be overcome. A failure can be an opportunity for a new beginning. We can wake up from our nightmares. You can be relieved of what’s bothering you. You can be relieved of wrongful termination. We can be at fault, we can be betrayed, we can be forgiven. A major political crisis can be overcome. A citizen’s conscience can be revived. All this and many other things are possible because the foundation of our life is always likely to be freed from the shackles of the moment.

When we lack rites that allow us to face our mourners, that allow us to face the dead ends in which we condemn ourselves to remain, Easter can be a heritage from which it is possible to draw the necessary elements to regain a foothold in a story that is escaping us.

Behind the myth of Easter lies this great truth that concerns us all: it is possible to overcome what makes everyday life mortal. Without needing to be affiliated with a particular religion, Easter can be a celebration to bring our life to its incandescence.”
 

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James Woody  (1972), Extrait d’une tribune publiée le 16 avril 2017 dans Libération.
Vangel Naumovski (1924-2006), Sunset Garden, 1968

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Le Voyage du hérosThe Hero’s Journey

Prochain départNext departure

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Une réflexion sur “Libre de ce qui rend le quotidien mortel • Free of what makes everyday life deadly

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